dimanche 26 mars 2017

Escale 1


Peinture de Roland Ballereau


Nous sommes quatre dans le désert.
Ce sont des amis de longue date.
Nous avons un seul objectif : retrouver ce lieu qu'on nous a indiqué.
Nous sommes très fiévreux, presque inquiets. D'habitude, nous sommes à débattre vivement de choses et d'autres.
La chaleur est oppressante. Nous avons soif, mais osons à peine puiser dans les réserves.
Nos lèvres sont asséchées. Je me sens en unité avec chacun de mes amis.
Pourtant, je ne sais pas. Un vent brûlant nous rend comme hypnotisés.
Le guide conduit très vite la land rover. Il rit souvent en nous racontant des anecdotes du désert. Ses dents tranchent avec son teint buriné. Il est surpris de voir quatre français musulmans.
Nous nous arrêtons pour faire nos ablutions et nous prions.
Le sable épouse nos gestes.
Le ciel est librement ouvert à nos oraisons.
La nuit va tomber.
Notre guide décide d'installer le bivouac.
Il a des mouvements précis.
Il allume un feu et commence par préparer le pain.
Michel l'aide à élaborer un repas frugal.
De la viande séchée, une portion d'orge cuite et du pain.
Le thé est presque noir.
Pourquoi nous sommes-nous retrouvés dans ce désert d’Algérie?
Nous allons visiter une confrérie de soufis.
La vie est rude et les cœurs sont tendres.
Une oasis d'amour.

Une discipline sans complaisance.
Mais sommes-nous à la recherche du confort?

Tout a commencé dans ce petit studio parisien.
Nous sommes un groupe d'étudiants et nous veillons si tard que nous ne savons plus si la nuit commence, ou bien si c'est le jour.
Nous parlons de philosophie, du sens de l'existence, du vide du monde.
Nous sommes juste à nous emporter.
Des fous!
De quoi parlons-nous encore?
De La Tradition. De René Guénon. Des voies de Sagesse.
Nous assistons parfois à des séances de Dhikr. C'est Hassen qui nous y amène.
La première fois que j'y vais, je n'ai plus aucun doute.
C'est là que je me sens bien.
Cherché-je les sensations du mystère?
C'est possible.
Pourtant, le mystère se cherche en moi.
La voix est forte. Elle est même puissante.
On est conquis ou on ne l'est pas.
Ça ne se passe jamais dans l'hésitation.
Le cœur cogne très fort.
Nous étions jeunes. Nous étions près à tout pour trouver cette voie de délivrance.
Nous sommes en route.
Le désert nous ouvre les bras. Il accueille nos questions, notre désir de ne plus nous perdre, de ne pas nous perdre.
Il occulte les réponses, mais nous sommes prêts à aller jusqu'au bout du monde pour nous trouver.
Rencontrer ce qui nous cherche. A ce moment-là, nous ne le savons pas. Au fond, nous ne savons rien. Nous allons.
C'est la première escale d'un long périple...


Philippe Safar

3 commentaires:

  1. Oh, comme votre récit fait écho en moi!
    Comme est belle cette Quête de Dieu!

    Un jour, une jeune femme, se retrouve en plein désert de l'Algérie où des touaregs l'avaient invité avec sa sœur...
    Cette jeune femme ne connaît rien de l'islam

    Ô comme cet Appel à la prière, que j'entendais pour la première fois, a fait tressaillir mon cœur et résonné profondément loin!

    Ô comme cette personne priant devant moi m'a ému!
    Quelle Beauté cette Prosternation, front au sol!

    Ça y est, me suis-je dit, ce que je cherche existe! Ça existe!
    Ô Joie indescriptible!
    Mon âme a re-connu!

    C'est en cette Prosternation, Ô mon Seigneur, que j'ai répondu à ton Appel! Seule, prosternée dans la nuit, au beau milieu du désert, c'est là que je t'ai renouvelé mon serment!
    Ô Joie de ma vie!

    Trente ans déjà!
    Je ne voudrais jamais d'une autre religion
    Ni d'une autre route
    Car c'est Là que T'ai retrouvé!


    Bénie soit votre route!

    Cielespoir

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    1. Merci à vous Cielespoir.
      Nous sommes en route, encore et encore, je pense.
      Comme le dit Océan sans rivage, la route est longue avant de parvenir à la maison.
      Peut-être, même qu'elle entend par là que la route est belle.

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  2. Oui, une route douloureusement belle!
    Apprendre à se voir pour Le voir!
    Oui, marchons avec Amour!
    Oui, allons vers Lui
    La route est longue?
    C'est déjà si beau de marcher vers Lui!

    Louanges et Louanges à Toi, Ô mon Dieu!
    Allâh!

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